Le blanchiment d’argent à Dubaï au cœur d’une enquête du journal le Monde
Dans une vaste enquête publiée par le journal Le Monde, la flamboyante ville des émirats se révèle être la véritable « banque » des cartels de la drogue mexicains.
Ce sont des chiffres à la hauteur d’une véritable guerre civile : en 2022, le fentanyl a provoqué la mort de près de 100 000 américains, et l’année 2023 pourrait bien exploser tous les record. La drogue de synthèse, produite par les cartels mexicains, a inondé les États-Unis en quelques années. Aux USA, le nombre de victimes de ce dérivé d’opiacés est plus élevé que celui causé par les accidents de la route, par les suicides et les armes à feu : une victime toutes les sept minutes.
Simple à fabriquer et vendu pour une bouchée de pain sur le marché noir de la drogue, le fentanyl est l’un des stupéfiants les plus consommés outre-Atlantique. Et il est aussi hautement addictif qu’il est dangereux : quelques grammes suffisent pour tomber accro ou pour faire une overdose.
Une catastrophe sanitaire devenue un sujet politique aux États-Unis : depuis plusieurs mois, les candidats républicains à la Maison-Blanche réclament des sanctions contre la Chine, accusée de fournir aux cartels mexicains la matière première nécessaire à l’élaboration de cette substance cinquante fois plus puissant que l’héroïne. Le sujet s’est même invité à la table de négociations entre Joe Biden et Xi Jinping lors de la venue du dirigeant communiste à San Francisco en novembre dernier.
Mais un autre pays est dans le collimateur de Washington : les émirats arabes unis, et en particulier Dubaï. Depuis plusieurs années, des experts américains alertent sur l’opacité des transactions financière dans le petit confetti du golfe. Des soupçons confirmés il y a quelques jours par une vaste enquête publiée par le journal le Monde : en remontant les flux financiers des cartels, le Monde a mis au jour les pratiques en cours dans la rutilante ville arabe.
Totale impunité pour les cartels à Dubaï
Serait-ce la véritable raison de l’absence de Joe Biden à la Cop28, qui a débuté la semaine dernière à Dubaï ? Le Président américain était attendu pour un discours, et les autorités américaines ont finalement annulé son voyage au dernier moment « pour raison de santé ». Mais certains veulent y voir le début d’un rapport de force entre Abu Dhabi et Washington…
En effet, la guerre contre la drogue représente un drame sanitaire, mais un gouffre économique pour les Etats-Unis : rien qu’en 2022, 42,5 milliards de **** ont été engloutis par le « National Drug Control Program ». Mais pour les cartels, et en particulier le cartel de Sinaloa, la rentabilité du fentanyl surpasse tous les autres trafics : 2400% de marge sur chaque gramme vendu, avec un million de **** empoché chaque mois.
De l’argent en cash, qui doit être impérativement être « blanchi » pour être utilisable. Passant par le Monténégro, Hong Kong ou les Bahamas, l’argent termine sa route à Dubaï. Sur place, il est pris en charge par des cabinets de conseils financiers, qui, en toute légalité avec le droit émirati, se chargent de gérer et de le réinvestir dans l’immobilier local. Des immeubles entiers achetés à Dubaï puis revendu, offrant une virginité aux millions de **** issus du trafic de drogue et ces milliers de morts.
Les paradis fiscaux, à l’instar de Dubaï, des îles Caïmans ou du Panama, sont donc bien plus qu’un refuge pour les trafiquants en cavale : ils sont devenus la pierre angulaire des flux financiers illégaux, capables de maquiller leurs comptes, blanchir leurs millions et assurer leurs revenus à des mafias toute entière.