Cet artiste transgenre publie une photo en sang pour aborder le sujet des règles
Un artiste transgenre non-binaire a frappé un grand coup pour l’égalité en postant une photo de lui, « free bleeding », soit laissant ses règles aller naturellement pour prouver que les règles n’étaient pas seulement « réservées » aux femmes mais que les personnes transgenres pouvaient également être concernées, même si elles s’identifient au genre masculin.
Cass Clemmer est un artiste vivant à Washington DC, aux Etats-Unis, qui ne s’identifie pas à un genre en particulier et préfère l’usage de pronoms pluriels. Ils, donc, se sont propulsés sur les devants des internets lorsqu’ils ont posté une photo sur Instagram d’eux/elles avec du sang plein l’entrejambe de leur pantalon. Portant un panneau « Les règles ne sont pas juste pour les femmes », ils/elles y ont ajouté un hashtag, #BleedingWhileTrans, soit #SaignerEnEtantTrans. En plus de la photo délibérément « provoquante », ils/elles ont posté un poème décrivant leur situation :
« Vous savez que je suis trans et queer,
Et ce que cela signifie pour moi
C’est quelque chose qui n’est ni ceci, ni cela,
Un entre-deux heureux, mais effrayant.
Alors, quand je vous parle d’inclusion et de genre,
Et que j’écris ces vers pour vous faire voir ce que je vis,
Ce n’est pas un sujet facile que j’essaye de mettre sur le tapis :
Les règles sont, honnêtement, assez traumatisantes pour moi.
Vous voyez, ma vie est très clairement marquée,
Délimitée, telle une frontière rouge divisant en deux une Nation,
Il y a un avant, et il y a un après,
Je parle, bien sûr, de ma première menstruation.
Alors laissez-moi vous ramener en arrière dans le temps,
Du plus loin que je me souvienne, du fond de mes souvenirs,
Le jour de mon premier saignement,
Le jour où j’ai tout perdu tout ce que je croyais détenir.
J’avais 15 ans, encore plein(e) de bonheur et d’insouciance,
Je courrais partout, torse nu, librement,
Grimpant aux arbres, creusant des trous,
Et tout le monde s’en foutait royalement.
Maman, peut-être, était inquiète
Alors j’ai laissé pousser mes cheveux
Un signe pour dire que j’étais une fille normale,
Comme un panneau en néons flashy sur la case de mon genre.
Alors, le jour de mes premières règles,
Grands dieux, quelle fierté !
Cette petite androgyne, qui semblait comme déréglée
Avait enfin reçu la bénédiction de sa féminité !
Le soulagement était en moi mêlé à la douleur,
À ce moment, je me suis assis(e), j’ai pleuré,
Remerciant le ciel d’être finalement normale,
Tout en pleurant la liberté qui mourait.
Tout le monde me disait que mes hanches allaient grossir,
Je les regardais alors, et mes pleurs étaient ravivés
« Pourquoi ces larmes ? Tu seras bientôt femme ! »
C’est de la mort d’un enfant qu’ils se réjouissaient.
C’est mon corps en personne qui m’avait trahi !
Cette marque rouge, comme un cachet de cire brisé
Sur un contrat qui avait été rompu, parjuré,
Une identité de genre… qui n’était pas vraie.
Bien sûr, de nombreuses personnes doivent gérer le sang et les tampons,
Mais pour moi, c’est comme si mon corps rendait les armes
Car à chaque fois que viennent mes menstruations,
C’est un jour de plus où mon identité est malmenée.
D’abord, c’est ma poitrine qui me fait faux bond,
Je la sens qui pousse à travers mes vêtements
Je me demande pourquoi je subis cette malédiction
Et j’implore Dieu de mettre fin à mes tourments.
Et, pendant cinq jours, le sang n’a de cesse de couler,
J’essaye de respirer, de me dissocier,
Alors que dans mes entrailles se déchirent des pans entiers de mon être
Ne laissant plus rien d’autre à bord que la haine comme seul maître.
C’est d’une plaie ouverte, blessure béante, que ce sang se déverse
Stigmate de la guerre qui fait rage dans mes chairs,
La bataille séculaire entre le corps et l’esprit
Immuable objet ; inarrêtable force. »
Un nouveau pas vers l’égalité des sexes, des genres et de l’identification personnelle ?