Bangladesh : Une étudiante brûlée vive pour avoir dénoncé une agression sexuelle
Au Bangladesh, une étudiante qui avait dénoncé une agression sexuelle a été brûlée vive sur le toit de son université. Avant de mourir, elle a enregistré une vidéo où elle raconte son agression.
L’étudiante avait été agressée par le directeur de son université
Le 27 mars dernier, Nusrat Jahan Rafi une étudiante de 18 ans vivant au Bangladesh est convoquée par le directeur de son université. Une fois dans le bureau, ce dernier se montre très insistant et tente de la violer. La jeune fille réussit à s’échapper et décide d’aller porter plainte. Son calvaire se poursuit. Les policiers qui la reçoivent se montrent très froids et minimisent son agression. Le directeur de l’université est malgré tout incarcéré pour agression sexuelle. Si Nursat a été soutenu par sa famille, les autres étudiants ne l’entendent pas de la même façon. Ils manifestent pour la libération de l’agresseur et la jeune fille ne peut plus revenir à l’université. Elle est victime de harcèlement de la part de ses camarades qui lui reprochent le départ de leur directeur.
Brulée vive pour avoir dénoncé une agression sexuelle
Le 6 avril, elle décide de revenir passer ses partiels pour valider son année. À son arrivée, un étudiant lui demande de se rendre sur le toit où une de ses amies serait en train de se faire agresser. Une fois sur place, cinq personnes masquées l’attendent de pied ferme. Ils font pression sur elle pour qu’elle retire sa plainte pour agression sexuelle. Mais Nusrat refuse. La situation dégénère alors : ses agresseurs l’aspergent de kérosène avant de lui mettre le feu. Brûlée sur plus de 80% de son corps, l’étudiante est transportée à l’hôpital. Elle y décèdera quatre jours plus tard.
Protesters in Bangladesh demanded justice for 18-year-old Nusrat Jahan Rafi, who died after being set on fire because she reported sexual harassment.
Rights groups say sexual assault victims face many obstructions to justice. Only 0.3% of reported rapes result in convictions. pic.twitter.com/7zb0lXHrnu
— AJ+ (@ajplus) April 22, 2019
L’événement a secoué le pays
Les agresseurs ont tenté de maquiller les événements en suicide, mais c’était sans compter sur la détermination de Nursat Jahan Rafi. Dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital, elle trouve la force d’enregistrer une vidéo sur son téléphone portable. Elle y raconte son agression sexuelle et déclare « Le professeur m’a agressée, je me battrai jusqu’à mon dernier souffle » . Ses funérailles ont eu lieu le 14 avril dans son village natal, Feni. Une foule immense s’était rassemblée pour rendre hommage à celle qui s’est battue jusqu’au bout pour que son agresseur soit puni. Des manifestations ont également secoué Dacca, la capitale du pays, pour que justice lui soit rendue. Pour le moment, quinze personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête.
Les agressions sexuelles, le quotidien pour beaucoup de femmes au Bangladesh
En 2018, au Bangladesh, 940 agressions sexuelles ont été rapportés selon l’association Bangladesh Mahila Parishad. Mais ce chiffre ne prend en compte que les agressions déclarées à la police où à l’association. Naître fille dans ce pays signifie devoir lutter pour ses droits et faire face à une justice fermée en cas d’agression. Celles qui portent plainte attendent souvent des années avant que leur agresseur soit arrêté. La plupart du temps, la plainte ne débouche sur aucune arrestation et l’agresseur recommence en toute impunité. Les autres n’ont plus peur des autorités puisqu’il n’y a pas de conséquences pour les violeurs. La famille de Nursat Jahna Rafi espère que leur fille n’est pas morte en vain et que cet événement va tirer la sonnette d’alarme.