Interdiction de la fessée : vers une éducation plus constructive, ou un retour des enfants-rois ?
C’est un sujet sensible depuis plusieurs années : doit-on interdire la fessée sur les enfants ? Le 2 juillet dernier, les sénateurs ont voté la proposition de loi interdisant toute forme de violences dans le cadre de l’éducation des enfants. Alors pour certains, interdire la fessée est essentielle. Pour d’autres, ce texte « anti-fessée » représente un retour de l’enfant-roi.
Pour ou contre la fessée : le choc des générations
On le sait, plus les années passent, plus les générations changent. Dans les années 50, les violences dans le cadre éducatif étaient peut-être mal-vues, mais pas autant réprimandées qu’elles peuvent l’être aujourd’hui. Et lorsqu’on demande à l’ancienne génération (parents ou grands-parents), les réponses sont diverses. Certains voient la fessée comme une forme d’éducation, la « violence » étant parfois une solution pour réprimander l’enfant. Dans plusieurs cas, ces personnes admettent avoir reçu des fessées de la part de leurs parents, sans que cela ne les choque. D’autres sont contre la violence dans le système d’éducation d’un enfant. Il est certain qu’aujourd’hui, l’éducation peut se faire autrement que par la violence.
France 56ème pays à interdire la fessée
Il aura fallu beaucoup de temps à la France pour interdire totalement la fessée. En 1979, la Suède initie cette interdiction, et les pays suivront petit à petit. Malgré le choc des générations, et des grands-parents qui pensent encore « qu’une bonne claque ça remet les idées en place » , on s’accorde aujourd’hui pour supprimer l’usage régulier, arbitraire ou abusif de la violence éducative, considérant que cette forme d’éducation n’apporte aucun équilibre à l’enfant. Alors une claque ça peut faire du bien, mais pas sûr que ça serve réellement. En tout cas, la France a mis du temps avant de se décider, bien que des mesures judiciaires soient déjà en place pour protéger les enfants des parents violents. Mais alors où commence la violence ? En soit, lorsqu’une claque est donnée. À chacun sa façon d’éduquer ses bambins, mais vous courrez des risques.
Vers une éducation plus adéquate, ou le retour de l’enfant roi ?
Selon Anne-Sophie Chazaud, philosophe, cette loi « infantilise les parents et enfants, alors que la société a besoin d’une restauration de l’autorité » , comme le rapporte LeFigaro. Selon elle, priver les parents d’une réprimande physique serait interdire à ces derniers d’user d’un « levier puissant dans l’instauration d’une autorité que la société demande pourtant de restaurer » . Selon la philosophe, la fessée reste un moyen efficace de se présenter comme une figure de l’autorité plus puissante que l’enfant.
Elle ajoute que cette loi transforme les parents qui donnent la fessée à leurs enfants (sans parler d’enfant battu), ils sont désormais perçus comme des hommes des cavernes, sans coeur, qui apprécient la violence physique sur les enfants. Anne-Sophie Chazaud explique finalement qu’en Suède, très peu de parents désirent témoigner sur cette loi. Et le peu de parents s’étant exprimés avouent parfois que leur enfant est devenu un « enfant-roi » .
Selon David Eberhard, auteur de Les enfants suédois ont pris le pouvoir, les enfants de Suède deviennent incapables de faire face à leurs frustrations et difficultés du quotidien. Mais il souligne également que l’enfant prend un pouvoir considérable sur ses parents, qui se retrouvent dans des positions parfois délicates. Désormais, les enfants savent qu’ils peuvent dénoncer leurs parents pour une fessée, et ces derniers en jouent parfois. En Suède, de nombreuses plaintes sont déposées, la loi punissant les parents violents, même si l’enfant l’a été avant.
Alors, la loi amène-t-elle vers une nouvelle forme d’éducation plus constructive et plus intelligente, sans forme de violence pouvant choquer et traumatiser l’enfant ? Ou bien assisterons nous à un retour de l’enfant-roi, qui pourra faire pression sur ses parents ?